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Le Newbie des Movies : Moolaadé

– L’œuvre finale du réalisateur sénégalais Sembène Ousmane c’est l’histoire d’un village et d’une tradition : Le Moolaadé. Moolaadé c’est un film carrefour. Carrefour entre l’Afrique et l’Occident, entre tradition et modernité. Mais pour conter l’histoire d’un village il faut nécessairement des villageois. Des hommes et des femmes, des femmes lâches et des femmes fortes, des hommes têtus et parfois doux. Et enfin des enfants qui demandent protection, contre des fétiches à la robe pourprée du sang de leurs victimes. Ces victimes comme Moolaadé le dénonce si bien, sont celles de l’excision.

Le film sans jamais plonger dans le sérieux, réussit à défendre une noble cause avec brio. L’excision devient presque le prétexte à une fabuleuse représentation de l’Afrique, je dis bien presque.

Car tout y est. Le décor est le même que celui des ancêtres : les fameuses cases, la savane, les grands arbres et soudain, une mosquée, droite et imposante, qui marque la fin des traditions de l’ancien temps. Mais non loin, comme par défit, se dresse une termitière, dernier garant des rites des aïeux. C’est aussi l’Afrique de toutes les superstitions que dépeint Sembène Ousmane, où les coutumes et les mœurs nouvelles s’interpénètrent dans tout ce qu’elles ont de bon et de mauvais, c’est l’Afrique où l’amalgame est roi, celle que l’on redoute et qui pourtant nous fascine.

Le film a de réels arguments pour être vu. La richesse de ses personnages en est une. Il y a les mères africaines, dans toute leur splendeur, qui souffrent dans l’ombre, à la fois rebelles et soumises, incroyablement protectrices, parfois stratèges, et surtout, souriantes, car la blancheur de leurs dents ne manque jamais trop d’exhiber leur éclat au soleil, illuminant leur faces rondes de chaleur et de bonhomie.

Il y a bien sûr les hommes vêtus de boubous aux couleurs vivaces, un ex-mercenaire sur qui plane le mystère et enfin, celui que l’on attendait tous, le seul l’unique, le parigot ! À la limite du ridicule, il est une subtile pique qu’envoie le réalisateur aux occidentaux, nous parodiant presque, rions en de bon cœur.

 Enfin c’est un film qu’il faut voir parce c’est une œuvre étrangement pleine d’humilité pour un réalisateur âgé de 83 ans avec plus de quarante ans de carrière. Il est simplement beau, less is more. Moolaadé sert un propos juste tout en étant une production de qualité appréciable et compréhensible de tous. Pourquoi le visionner ? Pourquoi pas ?

Souces :